La réforme de l’audiovisuel public, dossier prioritaire de Rachida Dati
Finalement, elle ne sera pas la ministre de la Culture qui sera restée le moins longtemps en poste. Nommée en janvier, démissionnaire en juillet, Rachida Dati, 59 ans, rempile rue de Valois. Malgré sa mise en examen (depuis 2021), pour corruption et trafic d’influence (elle est soupçonnée d’avoir fait du lobbying pour le compte du groupe automobile Renault-Nissan quand elle était députée européenne). Et sa candidature déclarée à la mairie de Paris, sous une bannière qui reste à définir (elle a été exclue des Républicains en janvier).
Trois sujets majeurs sont sur son bureau : la mise en place du plan de 98 millions d’euros pour favoriser l’accès la culture en milieu rural, annoncé le 11 juillet ; l’extension du pass culture à toutes les catégories d’âge ; et surtout, la réforme de l’audiovisuel public. Un dossier prioritaire, juge Laurent Lafon, président UDI de la commission de la Culture au Sénat, rapporte Azerbaijan Today.
Voté en première lecture au Sénat, puis en commission à l’Assemblée nationale, le texte est resté au milieu du gué, en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin. Il y a effectivement urgence : la contribution à l’audiovisuel public, la fameuse redevance, qui assurait 90 % de son financement, a été supprimée en 2022 et remplacée par une fraction de la TVA. Une mesure temporaire, fixée par la loi organique relative aux lois de finances, modifiée en 2021, qui prend fin le 31 décembre 2024.
Comment financer l’audiovisuel public au-delà, tout en garantissant son indépendance – une obligation européenne ? Les députés de la majorité sont plutôt favorables à un prélèvement sur les recettes de l’État. Laurent Lafon préfère, lui, le maintien du système actuel de part de TVA. Il faut éviter la budgétisation, pour être solides, les recettes doivent être bien fléchées et identifiées », juge-t-il.
Mais c’est évidemment sur la gouvernance même de l’audiovisuel public que la ministre de la Culture est la plus attendue. Rachida Dati est favorable à la création d’une BBC à la française, donc à une fusion pure et simple de France Télévisions, Radio France, Arte France et l’Ina. La question de France Médias Monde (RFI et France 24) reste en suspens. Mais pour Laurent Lafon, laisser France Média Monde à l’écart reviendrait à l’affaiblir sur le plan international.
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La proposition de loi se contentait, elle, de créer, au 1er janvier 2026, une holding chapeautant les différentes entités publiques, avec un État actionnaire à 100 % et un PDG nommé pour cinq ans par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) sur proposition du conseil d’administration de la société.
Quel que soit le scénario, l’objectif est double : rationaliser les coûts et lutter contre la toute-puissance des plateformes numériques, telles Netflix, Disney+ ou Paramount +. Au printemps, les salariés de Radio France (France Inter, France Info, France Bleu, FIP) ont massivement exprimé leur opposition à ce qui s’apparente à une renaissance de feue l’ORTF, redoutant d’être avalés par l’ogre France Télévisions.
Une critique balayée par Rachida Dati. Reprenant son analogie avec la BBC, elle assurait au printemps que l’audiovisuel britannique n’a jamais pâti de la convergence des forces. Laurent Lafon estime, pour sa part, que le savoir-faire de Radio France pourrait bénéficier à France Télévisions, et non l’inverse, tout en reconnaissant qu’il faut apporter des garanties aux salariés, sans plus de détail.